Il y a une semaine, j’assistais à la conférence de Boris Cyrulnik sur le thème de « Ecriture et Résilience » au Rex à Paris. Il abordait le rôle de l’écriture dans le processus de résilience. Majeure pour les cas de traumatismes, la vertu de l’écriture se prolonge pour toute situation de vie nécessitant d’être mise « hors de soi ». La parole écrite, tout comme la parole parlée, s’avère un processus intéressant pour les situations professionnelles vécues comme une impasse.

Remanier l’histoire pour sortir de l’impasse

N’avez-vous jamais réalisé comme ressasser et ruminer vous rend prisonnier d’une situation sans pouvoir accéder à aucune autre issue. Répéter en boucle la même histoire, tel un hamster dans sa cage, et alimenter ce sentiment d’impuissance. Mécanisme qui, par là-même, amplifie les émotions les plus inconfortables associées : la peur, la colère, la tristesse. Irrationnel, il vous fait rejouer un film sur la base de ce que la situation devrait être, plutôt que ce qu’elle a été.

Remanier la situation, c’est se donner l’opportunité de reprendre la main en se racontant. Non pas raconter l’événement comme le énième témoignage identique des faits et de l’impasse dans laquelle vous êtes coincé. Mais comme un récit, travaillé, revisité, raturé, barré, exploré, repris mille fois afin qu’il redevienne intelligible pour vous-même. Afin qu’il s’éclaire subitement d’une nouvelle grille de lecture.
Derrière ce processus, un mot-clé : l’élaboration. Elaborer pour se réapproprier l’histoire et redevenir maître de ce dont vous vous êtes senti dépossédé. Et s’offrir de nouvelles options.

Le coaching pour lever l’impasse en libérant votre créativité

Le coaching professionnel offre cet espace d’élaboration quand la personne se trouve face à une difficulté professionnelle, parfois durablement installée. Ce travail dans l’interaction invite à manipuler, réactualiser et reprendre son pouvoir d’action. Le coaching comme un art de la transformation. Dans une séance de coaching, l’utilisation de la parole parlée est généralement première, car bien souvent l’échange est d’abord conversationnel. L’usage du dessin, à des exercices écrits, le recours au mouvement, et bien d’autres pratiques innovantes offrent une large palette de moyens pour stimuler la remise en mouvement et penser « out of the box ».

Prenez une situation qui vous encombre. Une difficulté relationnelle avec votre associé ou votre collaborateur, une décision cornélienne que vous auriez à prendre, ou toute situation qui vous fait tourner en rond, vous laissant intranquille.

Puis un papier et un stylo. Et laissez-vous guider par écrit :

  • Quel est mon problème ?
  • En quoi est-ce un problème pour moi ?
  • Qu’est-ce que je ressens dans cette situation?
  • Qu’est-ce qui est le plus difficile pour moi dans cette situation ?
  • Comment ai-je fait jusque-là pour faire face ?
  • A quoi j’aspire ?

Faites en un récit, plutôt que de répondre mécaniquement aux questions. Revenez dessus, jusqu’à vous approcher de la justesse de vos ressentis.
Il n’est pas nécessaire d’écrire d’une traite. Au contraire. Si vous coincez, levez-vous et bougez. Autorisez-vous les itérations. Ce n’est pas un écrit à publier, c’est entre vous et vous.

Alternative : dessinez votre labyrinthe et changez de perspective

Mobilisez vos autres ressources, particulièrement celles que vous n’avez pas l’habitude de solliciter. Celles qui vous invitent à « débrancher ». Plus vous êtes focalisé sur votre difficulté, plus vous réduisez votre champ de vision, et moins vous regardez ce qui se passe à côté. Dessiner vous invite à déplacer le projecteur.

Par exemple, faites un schéma illustrant votre impasse. Mettez-y tous les personnages, vos interlocuteurs. Représentez votre peur ou votre colère, toutes les émotions en présence. Elles sont actrices à part entière dans votre scénario. Symbolisez le problème lui-même comme s’il était un personnage. Et bien sûr, n’oubliez pas de vous faire apparaître. Faites des liens parmi tous les acteurs. Utilisez des couleurs pour enrichir votre perception en vous laissant aller comme elles vous viennent. Faites des gribouillis, des patates, des jolis pas beaux dessins. L’essentiel est que ce soit juste pour vous. L’exercice peut paraître difficile. Vous n’y verrez peut-être pas clair au début. Vous vous jugerez peut-être même sur la qualité de votre descriptif. Rassurez-vous, ce n’est pas un enjeu d’esthétique.

Puis laissez respirer, accrochez le dessin face à vous, sur un mur et prenez le temps d’observer. Si vous le pouvez, racontez l’histoire de ce que vous voyez. A vous-même, en vous enregistrant ou en le partageant à un proche de confiance, bienveillant.

Vous pouvez poursuivre en faisant un autre dessin, à côté ou sur une autre feuille. Non plus de la situation actuelle, mais celle que vous désirez vivre.  Les nouveaux visages des personnages, votre problème déplacé, des nouvelles émotions sur scène, d’autres qui ont disparu, de nouvelles couleurs. Quelque chose qui vous fasse envie.

« Mettre hors de soi » et transformer ses impasses

A ce stade, il ne s’agit pas encore de trouver des solutions. Sauf si elles ont déjà émergées entretemps, et tant mieux ! Ce sont des suggestions de premières étapes. Les issues viendront. Celles qui émergeront ne seront probablement pas d’une nature « A ou B », mais ouvriront vers une 3ème option qui deviendra plus audible, là où elle ne pouvait pas l’être quand le paysage était trop encombré.

Imaginez une pâte à levain. Vous la travailler, vous la malaxez, la modelez. Puis au repos pendant quelques heures, elle prend du volume et prend sa forme tranquillement. Sans même que vous ne l’ayez manipulé. Et pourtant, elle a continuer à “travailler”.

Chacun trouvera la façon qui lui correspond le mieux, et qui lui fait le plus envie. Pour certains, ce sera l’écriture ou le dessin. D’autres le sport, la musique, le théâtre, etc. Tous les arts offrent ce pouvoir de transcender une difficulté avec des langages qui nous invitent à lâcher prise et intégrer une réalité difficile. Mettre « hors de soi », c’est commencer à transformer, et s’ouvrir des nouveaux champs des possibles. Un des plus beaux enjeux du coaching professionnel.

Si vous n’y parvenez pas seul, car l’interaction a son pouvoir, si vos tentatives vous paraissent infructueuses, demandez de l’aide à quelqu’un qui peut être votre miroir. Quelqu’un qui n’a pas d’autre enjeu que celui d’être pleinement présent pour vous dans cet instant et vous aider à sortir de l’impasse.

Je peux être cette personne pour vous. Parlons-en.

Echangeons

Maria AKBARALY

Experte des dynamiques relationnelles, j’accompagne les dirigeants et leurs équipes vers l’excellence relationnelle et managériale, en cultivant l’art de la relation. Convaincue que créer des liens de qualité dans le bon cadre est le soubassement d’un leadership éclairé, d’un management qui élève et d’une coopération saine, j’invite les personnes et les équipes à se redynamiser pour piloter l’entreprise et les projets avec fluidité et cohérence.

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